Le projet « Appui au processus de guérison des traumas individuels et collectifs des communautés de Bria et Bangassou en vue de la prévention des conflits et des violences », financé par le Fonds pour la Consolidation de la Paix (UN PBF) et mis en œuvre par ONU Femmes et UNFPA, vient en réponse aux lacunes observées dans la gestion intégrée des problèmes liés à la santé mentale, et particulièrement ceux qui surviennent en conséquence des conflits récurrents en RCA. Il souhaite offrir aux populations affectées par les conflits à Bria et Bangassou, et particulièrement les femmes et les jeunes les plus vulnérables, une prise en charge adaptée et efficace des troubles de santé mentale qui affectent leur bien-être individuel, leurs capacités d’initier et maintenir des relations pacifiées en communauté et ainsi leur permettre d’être mieux à même de contribuer à la consolidation de la paix.
Le Projet intervient sur les déterminants qui affectent la santé mentale à plusieurs niveaux : en contribuant à l’architecture nationale et communautaire de compréhension et prise en charge de la santé mentale, sensibles au conflit et adapté aux réalités locales ; en mobilisant un réseau d’agents psychosociaux communautaires plus proches des personnes affectées ; et en engageant les communautés, particulièrement les leaders locaux et organisations à base communautaire, sur la préservation de leur santé mentale et la gestion collective des traumas, à travers les mécanismes de justice communautaire inclusifs et les projets à intérêts communautaires. La prise en charge ciblera en priorité les femmes activistes, en appui à leurs initiatives locales de consolidation de la paix, les jeunes filles et garçons et les catégories les plus vulnérables, mais aussi les leaders locaux engagés dans les processus de réconciliation.
Le projet tire parti des structures locales d’appui psychosocial, de consolidation de la paix, de médiation (dont les femmes activistes) et de justice communautaire, afin de renforcer leurs capacités à intégrer les dimensions psychosociales de gestion des conflits communautaires et promouvoir les valeurs humanistes, le vivre-ensemble et la réconciliation. Enfin il vise la facilitation et la pérennisation des initiatives de paix en reconstruisant le tissu social altéré dans les zones du Projet et en favorisant la capitalisation des outils développés et des leçons apprises pour renforcer l’architecture nationale de la consolidation de la paix.
Deux résultats majeurs seront atteints au terme du Projet : (I) La santé mentale des femmes et des jeunes affectés par le conflit dans les zones de mise en œuvre, est améliorée à travers la prise en charge par un système de gestion des traumas renforcé et professionnalisé (II) Les mécanismes de paix et de justice communautaires sont inclusifs, sensibles aux dimensions psychosociales du conflit et contribuent à promouvoir la cohésion sociale au sein des communautés.
En appui et afin de complémenter les processus nationaux de mise en place de mécanismes de justice transitionnelle dans les zones de mise en œuvre, les interventions de ce second résultat visent à enclencher un mécanisme de mea culpa, pardon et réconciliation, s’appuyant sur les structures de paix locales (comités locaux de paix et réconciliation, leaders féminines et de jeunes, etc.) qui permettra un retour à la cohésion sociale entre les membres des communautés affectées, tout en assurant une participation équitable des femmes, et particulièrement des femmes leaders, au sein de ces mécanismes. Ce mécanisme de justice communautaire facilitera la guérison des traumas collectifs en offrant un exutoire et une plateforme d’expression des traumas et ainsi favoriser une guérison holistique (en s’attaquant à la cause du trauma) des membres de la communauté, permettant ainsi une durabilité des interventions, renforcé par l’usage de plateformes communautaires existantes.
Le mécanisme de justice communautaire établi appuiera les interventions en faveur de la santé mentale et le bien-être psychosocial, particulièrement à travers la réponse concrète aux traumas (dont on retrouve les sources dans le conflit ayant affecté la communauté) et la création d’un espace d’expression qui contribuera à la prévention des traumas qui pourraient survenir dans le futur. Le modèle à mettre en place sera basé sur l’analyse détaillée des mécanismes existants de justice communautaire et leur impact sur la réconciliation, et particulièrement en ce qui concerne les cas de violences faites aux femmes, ainsi que les leçons apprises et bonnes pratiques d’autres pays sur le continent.
En 2022, un état des lieux des mécanismes de justice communautaire a été élaboré à travers une étude réalisée par un consultant international appuyé par un consultant national et l’équipe du programme de l’ONU Femmes. Il est aujourd’hui question, après cette étude de passer à l’opérationnalisation inclusive de ces mécanismes en mettant en relief la participation des organisations féminines de la société civile avec pour objectif d’impacter le processus de consolidation de la paix en République Centrafricaine. Le consultant devra s’imprégner des résultats de l’état des lieux des mécanismes de justice communautaire et proposer un modèle de justice communautaire dans les deux zones de mise en œuvre, Bria (Haute-Kotto) et Bangassou (Mbomou) qui prend en compte le rôle des femmes activistes et des jeunes au niveau communautaire.
L’opérationnalisation du mécanisme inclusif de justice communautaire renforcera les processus de justice transitionnels nationaux en cours, par un ancrage de la culture de la vérité, la justice et la réconciliation au niveau communautaire.
Comments