Contexte et justification
La région de Maradi est située dans la partie sud du pays avec une frontière de 150 km avec le nord du Nigéria et fait face à plusieurs facteurs structurels de fragilité : instabilité politique et institutionnelle, changements climatiques, insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique, porosité de la frontière avec le Nigéria, et forte croissance démographique. Au sud, l’on constate une détérioration de la situation sécuritaire résultant de l’intensification de l’activité criminelle des groupes armés non étatiques (GANE) dans le nord-ouest du Nigéria voisin : en 2020, 167 incidents dont 127 attaques de bandits armés ont été enregistrés, en particulier dans les départements de Madarounfa et Guidan Roumdji (rapts avec rançon, vols de bétail, enlèvements, assassinats, viols, violences physiques…). Toute cette situation a conduit à des mouvements de populations des deux côtés de la frontière.
Ces mouvements de population entrainent des incidents de protection et notamment des cas de VBG, qui affectent essentiellement les femmes, les filles et les garçons. Ainsi, depuis le début de l’année 2021, les équipes de surveillance de la protection ont documenté 383 incidents de protection, avec une moyenne de 54 incidents par mois. A cela s’ajoute, la forte incidence de la pauvreté (taux d’incidence de 45,3%, troisième région la plus touchée du Niger) et la détérioration des conditions de vie des populations participent de façon significative à leur vulnérabilité et accroissent le risque de ralliement des personnes vulnérables à des groupes radicaux ou extrémistes. L’analyse des conflits sensible au genre et à l’âge au Niger qui a accompagné la demande de rééligibilité du Niger au Fonds de consolidation pour la paix début 2021 a permis de mettre en évidence que le manque d’opportunités d’emploi dans les communes rurales et urbaines est un des facteurs d’exposition aux risques de radicalisation et d’extrémisme violent.
Par ailleurs, les multiples incursions des GANE dans les aires de pâturages, les champs et les marchés hebdomadaires, ont entravé les opportunités économiques dans les localités concernées. Or, les marchés hebdomadaires constituent des lieux d’échanges et d’approvisionnement des populations en produits vivriers et de premières nécessités. Ainsi, les femmes sont en première ligne. 83% des femmes subissent au moins une VBG au cours de leur vie dans la région contre 60% au niveau national. Plusieurs facteurs socioculturels spécifiques à la région de Maradi, notamment la pratique des mariages saisonniers, y font peser sur les femmes et les jeunes filles une pression économique plus forte qu’ailleurs au Niger. Cette situation accentue leur vulnérabilité multidimensionnelle (physique, sociale, économique), accroissant leur exposition aux pratiques d’enrôlement ciblées des groupes extrémistes dont elles sont également des victimes privilégiées (par exemple, pratique du kidnapping contre demande de rançon ou enlèvement pour mariage forcé).
En réponse à ce diagnostic, le PNUD et ONU FEMMES ont soumis et obtenu le financement du projet conjoint : « Renforcement de la résilience des communautés du Sud Maradi face aux risques d’exposition à l’extrémisme violent » par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix d’un montant de 2 799 655 $ sur une durée de 24 mois. Ce projet s’attaque au renforcement de la résilience des communautés, dans une approche sensible aux questions de genre et âge, pour réduire les risques d’exposition au recrutement par des groupes radicaux ou extrémistes. Il met d’abord l’accent sur la résistance aux discours de haine, en améliorant la circulation de l’information et des connaissances sur la radicalisation et l’extrémisme violent ; la promotion d’une citoyenneté positive et en créant/renforçant les mécanismes de prévention et de protection. L’absence d’opportunités économiques étant un important facteur de basculement dans l’extrémisme violent, et d’adhésion aux discours de haine, le projet se propose également de renforcer durablement la résilience économique des communautés, à travers une approche mixte de cohésion sociale et de création d’activités économiques (approche 3×6).
La mise en œuvre des activités officiellement lancé, le Comité technique entend réaliser « la cartographie des structures (formelles et informelles) des jeunes et des femmes, et analyser leurs capacités et leurs besoins ». Cette cartographie des acteurs permettra de visualiser les structures de jeunes et de femmes selon leur position dans le projet afin d’avoir une vision d’ensemble afin d’analyser leurs capacités et leurs besoins. A cet effet, ONU FEMMES entend recruter un-e consultant-e pour conduire cette étude dans la région de Maradi et les communes Madarounfa, Gabi, Dan Issa, Guidan Sori, Tibiri Gobir et les 28 villages d’intervention du projet.
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